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septembre 11, 2010 / Denis Chemillier-Gendreau

Publicité mensongère

Le journal LE MONDE du 7 septembre dernier faisait paraitre une publicité en pleine page, au nom de la Fédération Syndicale Unitaire, qui proclamait : « Moins de retraite, moins d’effectifs, moins de moyens : que va-t-on encore couper dans le service public ? ». Je me suis inquiété ! Amoureux d’une France généreuse  efficace dans ses services publics, n’aimant pas faire la queue ni à l’hôpital ni à la Direction des Impôts, j’ai souhaité en savoir plus. Qui pourrait souhaiter une France sans hôpitaux, sans école, sans tribunaux ? Est-ce ce qui nous pend au nez ?

Le dernier « Rapport annuel de la fonction publique » offre une source inépuisable d’informations précieuses, notamment sur la période 1996-2007 (tiens, au fait, cette date correspond au début de 10 années de droite au pouvoir…) et permet de désamorcer assez clairement cette inquiétude :

  • l’emploi public a augmenté trè fortement sur cette période (+15,8%)
  • l’augmentation est générale pour les trois fonctions publiques : Etat (+3,4%), collectivités locales (+38,5%) et hôpital (+18%)
  • l’emploi public a augmenté plus vite que l’emploi total (%14,5%), conduisant à une France où les fonctionnaires augmentent leur importance relative.

Ainsi donc, pour résumer, sous les présidences de Chirac puis Sarkozy, la France a augmenté tous les effectifs de toutes les fonctions publiques. La publicité de la FSU est donc juste … mensongère.

Le gros des bataillons des manifestations récentes contre la réforme des retraites est formé d’enseignants, qui fustigent régulièrement le « démantèlement de l’éducation nationale » et j’ai voulu regarder plus spécifiquement ce qu’il en est. Entre 1990 et 2009, je constate tout d’abord que le nombre de professeurs dans l’éducation nationale a augmenté. Mais surtout, je constate que sur ces 20 années, le nombre de professeurs a augmenté (+7%) plus vite que le nombre d’élèves (+1%) [le nombre d’étudiants dans le système éducatif français, toutes catégories confondues, est passé de 14,8 à 14,9 millions et dans le même temps, les effectifs d’enseignants sont passés de 882.640 à 940.403]. Ainsi donc, nous avons augmenté le nombre de professeurs, aussi bien en valeur absolue qu’en valeur relative (par rapport au nombre d’élèves) ! Combien de Français le savent ? Où est la diminution des effecifs fustigée par les syndicats ?

Mais le but de ces publicités mensongères n’est pas de dire la vérité. Leur objectif est simple : « la meilleure défense, c’est l’attaque ». En assénant ces contre vérités, leurs auteurs défendent des intérêts corporatistes et menacent tous ceux qui oseraient, demain, mettre un terme à cette inflation des effectifs. Que la France détienne un record du poids des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires ne les dérange pas. Qu’à l’heure où les gouvernements d’Europe s’imposent des diètes courageuses (réduction de 5% des salaires des fonctionnaires en Espagne, de 5% à 15% en Irlande, de 2,5% en Allemagne, de 25% en Grèce, suppression de 490.000 postes de fonctionnaires en Angleterre, etc.), la France se contente d’un timide gel des salaires des fonctionnaires sur une petite année, marque le succès des mesures d’intimidation.

La vérité des chiffres, heureusement, montre qu’entre ceux qui réclament « plus d’Etat » et ceux qui exigent un Etat plus efficace avec autant de moyens, la vérité est très clairement du coté des seconds…

  1. LAURENT / Sep 25 2010 4:43

    Merci pour cette contre publicité.

    En effet, à la fin du second septennat de François Mitterand, il y avait 800 000 élèves de plus qu’aujourd’hui et 45000 professeurs de moins.

    Il ne venait alors à l’idée de personne de dire que l’éducation nationale était démantelée, ni même que les effectifs étaient insuffisants. Comment donc se fait-il qu’aujourd’hui avec moins d’élèves par classe (ce que peut confirmer n’importe quel enseignant du secondaire par exemple) , et donc un taux d’encadrement plus élevé, les mêmes qui se taisaient hier…crient au manque de moyens ?

    Une autre remarque, en 1970, l’âge légal de départ en retraite était de 65 ans. Aujourd’hui, soit 45 ans plus tard, et alors qu’on a gagné environ 10 ans d’espérance de vie, ce même âge de départ en retraite est de 60 ans.

    On part donc 5 ans plus tôt à la retraite, pour une retraite qui dure, en moyenne, 10 ans de plus, soit 15 années supplémentaires « d’inactivité » à financer par les actifs. Problème : ceux-ci entrent aujourd’hui beaucoup plus tard dans la vie active qu’en 1970.

    Des problèmes de financement dites-vous ?

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